Rendez à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu.
Qu’est-ce qui appartient à César ? Sa monnaie.
Et qu’est-ce qui appartient à Dieu ? Ce qui n’appartient pas aux hommes, tous césars soient-ils.
Thomas d’Aquin vous dirait le temps ; J’ajouterai l’infini, c’est le propos de cette lettre.
Nous allons aujourd’hui rendre leur crise aux tristes césars qui nous enferment dans leur folie et rendre à Dieu ce qu’ils lui ont volé en se prenant pour Jupiter.
Ma chère lectrice, mon cher lecteur,
Un beau matin d’avril 1947 se réunit sur les abords du lac Léman un petit comité de professeurs, économistes, intellectuels et journalistes.
Cette réunion paisible de vestes en Tweed s’émerveille de la confortable quiétude suisse et s’extasie devant le luxe inouï d’une corbeille d’oranges.
Ils se sont installés à l’hôtel du Mont-Pèlerin autour de Friedrich Hayek et accouchent en quelques jours d’une déclaration dont on ne garde guère plus qu’un nom et un souvenir mythifié : La déclaration du Mont-Pèlerin.
Cette déclaration finira par accoucher 30 ans plus tard du mouvement néolibéral et les règles qu’elle édicte, bien que dégénérées, nous gouvernent encore aujourd’hui.
Il y avait Maurice Allais au Mont-Pèlerin, immense économiste français dont le seul tort fut d’être inclassable c’est-à-dire libéral socialiste et par conséquent incompatible avec les tenants de chaque doctrine. La 3e voie française est plus qu’une manie… C’est l’art de vivre des grands peuples et des grands hommes.
Allais fut le seul participant qui refusa de signer la déclaration de Hayek. Voici pourquoi :
Les libéraux du Mont Pèlerin défendaient la protection radicale de la propriété privée : Ils sanctuarisaient le capital.
Selon Allais, le capitalisme étant déflationniste par nature, la baisse structurelle des rendements allait provoquer la baisse des taux d’intérêt et mécaniquement, les monnaies se dévalorisant, faire tendre les prix des actifs vers l’infini, faute de mécanisme de rééquilibrage… Et bien sûr, c’était une aberration, un paradoxe insoluble du système qui le mènerait à sa fin.
Notons que les rendements ont effectivement baissé structurellement entraînant les taux à leur suite. Imaginez emprunter à 12 % pour acheter votre maison… Ce temps n’est pas si loin qu’il paraît.
Si l’on peut emprunter à taux zéro et que le capital est sanctuarisé, alors on peut s’endetter à l’infini et utiliser ce crédit infini pour acheter tout et n’importe quoi à un prix infini, y compris la propriété fictive (même pas légale) d’un agencement de 12 pixels.
Le système était donc voué à l’échec au moment même de sa conception à cause de la sanctuarisation du capital qui a pris des formes impensables depuis 2 ans sous couvert de covid : Qui aurait cru que l’État pourrait venir se rendre caution d’actionnaires privés, via des prêts garantis, de groupes comme FNAC-DARTY, en quasi-faillite avant la crise.
Le dérèglement économique et financier que nous traversons mon cher lecteur, malgré toutes les apparences n’a rien d’externe.
La dislocation en cours du système ne nous est pas tombée sur le nez comme un méchant virus.
Le Covid n’est même pas un déclencheur : Le chaos financier est apparu à l’automne 2019. Le virus n’est, comme toujours, qu’un prétexte.
Comprenez-moi bien, je ne suis pas en train de nier les conséquences économiques et financières de la crise sanitaire. Les réponses apportées, en revanche, sont imposées par l’épuisement du système, l’épuisement des corps, non par le virus lui-même.
Il en va de même pour l’hôpital : Les politiques sanitaires auraient été radicalement différentes si nos hôpitaux s’étaient moins mal portés avant la crise.
La crise sanitaire est une crise de l’hôpital.
De la même manière, nous n’avons pas imprimé de la monnaie à l’infini à cause du COVID mais à cause de cette faille interne au système perçue par le génie d’Allais il y a 3/4 de siècles avant même que le système néolibéral s’impose.
La création monétaire tend vers l’infini à cause des mécanismes de crédit et des régimes de propriété du très grand capital ; Les aléas externes comme le Covid ne sont que des cache-la-misère.
Notez que j’ai écrit « très grand capital », car je sais bien que les patrons et cadres de PME qui me lisent doivent avoir quelques frissons de désapprobation à me lire car ils sont tout sauf protégés depuis 20 ans déjà.
Je suis le premier à m’opposer à cette guerre que l’on fait en France au tissu économique.
Si vous voulez comprendre en pratique comment s’applique cette protection maladive du très grand capital je vous suggère cette étude que j’avais réalisée sur les combines capitalistiques prédatrices de Xavier Niel.
Notez aussi que je me place au niveau de la détention du capital, pas des flux. Peu importe que l’État prélève 50 % du flux tant que par-derrière, il privatise à tout va : Entreprises, missions et prérogatives.
En mathématiques, les règles d’algèbre ne s’appliquent plus quand on tend vers l’infini : On ne peut pas additionner deux infinis comme des pommes.
De même, les règles du capitalisme productif ne s’appliquent plus quand le crédit et les prix s’envolent vers l’infini : Dès lors que le crédit est infini, à quoi peut bien encore servir l’épargne ?
Mais l’infini est une abstraction, et même un mensonge.
L’infini est ce qui appartient à Dieu et pour une bonne raison : Il se passe toujours des cataclysmes, des Babel et des colosses aux pieds d’argile, quand l’homme entend en prendre possession.
« Lorsque le crédit est infini, il n’est plus besoin d’épargne » est un mensonge éhonté.
Il y a bien longtemps que le crédit n’est plus productif : Cela fait des années que nos systèmes hospitaliers sont en faillite, tout comme les grandes infrastructures que nous ne savons plus entretenir, que ce soit routes, écoles, chemins de fer…
Imaginons-nous encore aujourd’hui pouvoir mener le développement en une trentaine d’années d’un parc de 58 centrales nucléaires…
Nous n’aurions ni les financements, ni la capacité politique, ni les ingénieurs, ni les entreprises… Ni même les employés et ouvriers, aberration ultime de ce système qui crève du chômage et manque d’employés.
Nous n’investissons plus dans le travail productif depuis très longtemps.
Il est probable que jamais dans l’histoire de l’humanité nous avons été si peu à travailler avec sans doute 20 % de la population occupée à des postes productifs… Et là encore, ce n’est pas la faute de l’informatisation, c’est un effet pervers de la faille fondatrice du système dénoncée par Allais en 1947.
Cela fait des décennies que nous n’investissons plus que marginalement, que ce soit dans nos infrastructures ou superstructures, dans les choses ou dans les hommes.
Au fond, il est fallacieux de dire que le crédit est infini, car rien ne l’est de nos constructions, sans doute est-il plus juste de parler de SATURATION.
Hayek comptait trois grands paradigmes humains : Le langage, la loi et la monnaie. On se rend compte aujourd’hui que ces 3 paradigmes sont saturés, nous sommes saturés de monnaie comme nous sommes saturés de lois, normes et règlements et sommes saturés sinon de mots, « d’informations ».
Cette saturation nous rend fou, fait perdre nos repères comme un bruit insupportable dans l’oreille. Il faut enlever le casque, il faut nous déconnecter de cette fiction qui nous désoriente.
Car il ne faut pas confondre prix et valeur. Plus la monnaie est abondante et le prix élevé et plus la valeur est rare. En refusant de réconcilier la fiction financière avec la réalité économique nous créons une divergence radicale entre le prix et la valeur.
Une action Tesla est chère… Mais ne vaut rien (comparé à son prix tout du moins) : Aucun argument économique ne justifie que Tesl vaille davantage que les 10 plus grands constructeurs automobiles mondiaux.
En revanche, l’immobilier de qualité, l’or, les matières premières, la terre, le redéveloppement en France et en Europe d’un appareil productif de biens essentiels et de qualité, détenus en réel et sans les artifices des « petits génies de la finance » sont autant de pistes d’investissement pour une épargne traditionnelle.
Rendez à César sa monnaie, sa crise et sa névrose, reprenez-lui votre patrimoine.
Il nous faut sortir de la fiction financière et donc du système bancaire et revenir à la réalité économique pour retrouver les règles et le génie du capitalisme productif.
Bien sûr, rien ne dit que dans un avenir proche le système financier doive se réconcilier avec le réel et que nous corrigions cette faille primitive.
Il est tout à fait possible que le système, en ce moment en fusion, finisse de muter et qu’à force de pousser le néolibéralisme vers ses aberrations nous nous retrouvions complètement en système soviétique, si ce n’est déjà le cas au fond.
Mais alors nous nous retrouvons bien mieux avec de l’or physique et des investissements réels qu’avec des titres et monnaies digitales totalement dépendants des décisions des banques centrales, bloqués dans la fiction financière jusqu’au bout alors que nous pouvions retrouver des rendements réels dans une économie réelle.
À votre bonne fortune,
Guy de La Fortelle
PS : Il faut me résoudre à vous écrire un dernier avertissement. Cette analyse que je viens de vous livrer devrait tomber sous le coup d’une accusation de complotisme.
D’abord car il est essentiel que le détournement du Covid à des fins scélérates reste caché ;
Ensuite, car un inquisiteur parcourant ces pages trouverait que j’attribue à un petit groupe de dirigeants une volonté maléfique là où il ne faudrait que déplorer le hasard des mutations génétiques d’organismes pas même vivants dont l’ensemble ne pèse pas 10 kg.
Ni l’un, ni l’autre, Torquemada.
Ils vous déourneront Karl Popper ces salauds, magistral logicien mal traité par Wikipedia qui a défini la théorie du complot comme l’attribution d’événements à des groupes y ayant intérêts plutôt que « au cadre plus ou moins rigide d’institutions et de coutumes », que nous appelerions aujourd’hui système.
Étudier le cadre qui impose leurs actions aux hommes : C’est bien ce que nous faisons dans ces pages.
Je ne suis ni procureur, ni moraliste, je poursuis un objectif pratique et dépassionné : Il m’importe d’étudier les comportements pour vous aider à construire votre patrimoine (au sens le plus large) en évitant de vous faire broyer par les systèmes économiques, monétaires et financiers qui se retournent contre vous.